vendredi 6 septembre 2013

-22- Combat pour la vie

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Dans tout ce que j'ai écrit jusqu'ici, on pourrait penser que je ne fais qu'accuser les pouvoirs publics, les industriels, etc... C'est certes vrai en partie, mais je n'ai pas que cela à dire. Je voudrais ici rendre hommage à tous ceux qui, dans le cas de Yannis, ou dans d'autres circonstances se battent, avec des moyens parfois trés limités, pour permettre à la vie de continuer à s'exprimer.

Je voudrais remercier publiquement ici tous ceux qui se sont battus avec acharnement pour ramener Yannis à la vie. Ils étaient là, pas pour des honneurs illusoires, mais parce qu'ils devaient être là.

Il y a eu d'abord Mme Béatrice R. qui a découvert Yannis, seul dans la 205 rouge stationnée sur le parking. Combien sont passés à coté et n'ont pas bronché en voyant mon petit-fils? Elle a tout compris, et a couru à la gendarmerie de Pont de Cheruy pour donner l'alerte.

Un gendarme, M.Luidgi V. a couru sans attendre la disponibilité d'un véhicule, et arrivé sur place, a cassé la vitre pour extraire Yannis de la fournaise. C'est terrible, plusieurs semaines plus tard de voir un gaillard costaud des larmes plein les yeux en évoquant ces terribles moments.

Il y a eu ensuite Mlle Amandine C. qui passant a proximité a immédiatement prodigué les premiers soins en sachant que la situation était trés grave.

Les pompiers de Pont de Chéruy sont alors arrivés et pendant plus d'une heure, ils se sont battus autour de ce petit corps pour le ramener à la vie.

Tous ces gens avaient un point commun : leur jeunesse et leur amour de la vie. Aucun d'entre eux ne s'est battu contre la mort, tous se sont battus pour la vie.

Certes, leur combat s'est terminé par une défaite, la mort a gagné, mais tous méritent le plus grand respect.

Pourquoi se battre?

Si on considère que la vie se termine toujours par la mort, alors pourquoi se battre? La boutade bien connue : "La vie est une maladie sexuellement transmissible, incurable et toujours mortelle" semble inciter à la désespérance. Dans ce cas pourquoi vivre? Cette question est sans réponse apparemment.
Peut être tout simplement parce que la vie est là et la mort qui arrivera tôt ou tard n'a qu'à patienter.
La vie peut être belle et c'est à nous tous de nous battre pour la préserver.
Toute autre réponse signifierait qu'il faut avoir le courage (ou la lacheté) de dire :"la mort gagnera , alors pourquoi l'attendre? donc je termine ma vie ici".

Chaque être humain, qui qu'il soit a le devoir de vivre car il est une part de la vie. Il ne vit pas que par lui, mais aussi par et pour ceux qui l'entourent. Ceci implique que chaque être humain doit se battre pour sa vie et ce faisant, il se bat nécessairement pour la vie en général.

À quoi serviraient tous ces chercheurs, ces bénévoles et tous ceux qui oeuvrent pour améliorer la vie de leurs semblables s'ils raisonnaient ainsi?
À quoi servirait le combat de ces parents d'enfants touchés par de trés graves maladies dont ils connaisent l'issue et qui malgré tout se battent pour permettre a leur enfant de vivre parfois dans des conditions que tout un chacun jugerait terrifiantes? Souvent même ces parents se battent aprés que l'issue tragique soit survenue, simplement pour aider ceux qui se trouvent dans le même cas. On pourrait penser qu'il y a dans leur esprit une part de masochisme, une envie de rester dans le passé qui leur a fait tant de mal. je ne pense pas cela. Je crois que ces gens se battent pour la vie de leurs semblables, parce qu'ils doivent le faire, ne serait ce que par respect pour leur disparu.

On pourrait penser que le combat que je mène est un combat perdu d'avance. Don Quichotte pouvait-il vaincre les moulins a vent? Il avait un combat à mener et c'est ce qui était important. On pourra objecter que les drames comme celui qui a touché ma famille sont rares (14 en France depuis 2006). C'est vrai. Mais que dire de ces enfants touchés par des maladies orphelines? Faut il les laisser mourir? Faut il baisser les bras et supprimer les moyens, deja limités, de ceux qui se battent pour trouver des traitements? Faut il condamner les bénévoles qui eux aussi se battent pour leur amener des raisons de vivre, qui les entourent et leur permettent ainsi d'avoir une vie jusqu'au bout?  Ce serait une grave insulte qui serait jetée à la face de tous ces malades, et de tous ces gens qui les entourent que de renoncer à se battre.

Il suffit pour s'en rendre compte d'aller visiter certains hopitaux. J'ai eu l'occasion de fréquenter l'hopital Léon Bérard de Lyon (que je fréquente de nouveau régulièrement) et plus particulièrement l'IHOP (Institut d'Hématologie et d'Oncologie Pédiatrique). Ceux qui y vont pour la première fois sont frappés par la vie omniprésente qu'on y croise. Voir des enfants de 5 ans courrir dans les couloirs, en poussant des potences où sont accrochées des poches de médicaments reliées par des tubes à un catether, montre ce que peut être la vie et pourquoi il faut se battre pour elle. Il faut avoir vu cette petite fille noire, tellement fière de sa perruque avec des mèches dorées qu'elle refusait d'enlever par coquetterie, même sous la douche. Il faut avoir vu l'effervecence qui a régné dans les couloirs lorsque ces enfants ont vu arriver, les bras chargés de cadeaux, leurs idoles de l'Olympique Lyonnais, Bafétimbi Gomis et Hugo Lloris en tête, pour comprendre que la vie était bel et bien au premier plan.
Chacun de ces petits malades sans cheveux, est un être, qui même s'il est atteint de la même maladie que l'enfant dans la chambre voisine, est unique. C'est pour cette unicité qu'il faut se battre. Ne pas le faire ne serait rien d'autre que ramener l'espèce humaine au rang de n'importe quelle espèce animale sans conscience de son importance dans notre monde.
Chaque mèdecin, chaque infirmière, chaque bénévole qui fréquente ces lieux le fait à chaque fois pour un être unique, jamais contre une maladie ou contre la mort. 

Pour comprendre ce que je dis, on peut lire un témoignage bouleversant : Le livre de Anne-Dauphine Julliand "Deux petits pas dans le sable mouillé". J'ai dévoré ce livre d'une traite et j'ai eu beaucoup de mal a retenir mes larmes quasiment à chaque page. Le courage de cette mère pour assurer à sa fille une vie digne de ce nom, mérite le plus grand respect. Bisous à Thaïs, Azylis, Gaspard et maintenant Arthur.

Mon combat pour la vie

Il est évident que tout ce que je peux entreprendre ne pourra jamais ramener Yannis dans nos bras. Si c'était possible, ce serait déja fait.
Aprés ce triste 15 juillet 2008, j'ai pris conscience des nombreux dangers qui guettent un enfant seul dans une voiture, et c'est pour ces enfants que je veux me battre.
Le 20 juillet 2013, vers 12H30, j'ai été impliqué dans un incident qui aurait pu être dramatique.
Je circulais dans la ville de Pont de Cheruy. Arrivé au carrefour de la rue Grammont et de la rue Gonthier, je m'arrétai au feu qui était rouge. Sur le trottoir , une petite fille d'environ 5 ans , aux longs cheveux noirs, en sueur et en larmes me fait signe. Je baisse ma vitre et lui fait signe de retourner sur le petit parking a l angle de ce carrefour. Je me gare rapidement, suivi par un couple qui a assisté a la scene. Nous interrogeons la petite fille qui nous dis : "Je ne sais pas où est mon papa". Avec l'autre automobiliste nous decidons de chercher dans les commerces a proximité pendant que son épouse reste avec la petite fille . A peine entrés dans un commerce, je lance: "Il ya une petite fille seule qui cherche son papa" . Un homme qui faisait la queue sort en courant, traverse la route au risque de se faire renverser et rejoint sa voiture, un pick-up noir de marque Nissan. Il le verrouille, prend sa fille par la main et repart poursuivre ses achats.
Que se serait il passé sans cet autre automobiliste, son épouse et moi-même? La petite fille aurait peut être traversé au risque d'être renversée par un véhicule, comme ce fut le cas en Guyanne il y a environ 1 an. Si elle était restée dans la voiture familialle, elle aurait pu être gravement incommodée par la chaleur, qui à l'exterieur dépassait largement les 30°C.
3 semaines plus tard, je me gare sur la place du marché. A quelques mètres, une voiture blanche et 3 enfants dont le plus agé devait avoir moins de 6 ans. Le soleil tape tres fort (environ 30 à 32 °C).
Je décide d'aller immédiatement prévenir la police municipale toute proche. En chemin , je croise 2 gendarmes (un homme et une femme) et je leur donne mes constatations. Ils se dirigent alors vers la voiture qu'ils examinent. Voyant les militaires en action je retourne faire mes courses. Je ne sais pas comment s'est terminé cet incident, car à mon retour, le véhicule n'était plus là.

Peut on penser que cette petite fille (elle se prénomme Marie) ou ces 3 petits enfants, ne méritent ils pas que l'on s'interresse à leur sort? Mon action a t'elle été inutile? Combien de passants les ont vus et n'ont rien fait? N'ont ils pas droit à la vie?

J'affirme ici que chaque fois qu un enfant est seul dans un véhicule, il doit être secouru.

Dans la premiere partie de cet article je parle beaucoup du centre Léon Bérard de Lyon. Il y a un raison précise à cela : Pendant 2 ans j'y suis allé avec ma soeur pour accompagner mon neveu lors de séances de chimiothérapie. Il va bien maintenant.
J'y retourne de nouveau car ma fille cadette elle aussi doit se battre pour sa vie.

J'ai cité aussi Anne-Dauphine Julliand l'auteure de "2 petits pas dans le sable mouillé". Elle cite souvent dans son livre la phrase "Si l'on ne peut pas ajouter des jours à la vie, ajoutons de la vie aux jours".
J'ajouterai simplement : "Mais , avant tout, n'otons pas de jours à la vie"

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